Par deux jugements du 6 janvier 2011, le TGI de Nanterre a condamné très lourdement deux journalistes du site Bakchich.info pour avoir diffusé des propos diffamatoires envers David Douillet et les avoir maintenus malgré les démentis. Ils n’ont pas démontré avoir fait preuve du sérieux de l’enquête et donc de leur bonne foi. Ils doivent lui verser 40 000 euros de dommages-intérêts et 6 000 € au titre des frais de justice.

Le 10 juin 2008, le site Bakchich.info avait publié un article affirmant que l’ex-judoka, aujourd’hui député, détenait un compte bancaire au Liechtenstein sans employer le conditionnel ni recourir à la forme interrogative. Pour le tribunal, le fait de faire passer David Douillet pour un fraudeur dissimulant des revenus au fisc est susceptible de porter atteinte à son honneur et à sa considération, et donc constitutif de diffamation. Les auteurs pouvaient échapper à une condamnation s’ils démontraient leur bonne foi, notamment par le sérieux de l’enquête sur laquelle l’affirmation de fraude fiscale doit s’appuyer. Ce qu’ils n’ont pas pu faire. L’information révélée était fondée sur la parole d’un « informateur particulièrement fiable », un contact à Bercy. Les juges leur ont reproché de ne pas avoir vérifié cette affirmation et de n’avoir pas tenté, au moins, d’entendre l’intéressé. Par ailleurs, malgré le démenti du ministère du Budget, bien que cité trois jours plus tard sur le site, les auteurs n’ont pas retiré l’article en cause. Il est resté en ligne quinze jours et a été largement relayé sur internet et par la presse. L’importance de la condamnation, 20 000 € pour la diffusion des propos diffamatoires et la même somme pour son maintien, s’explique par le fait que David Douillet constitue une image populaire et symbolise les valeurs du sport, et aussi par sa notoriété qui a aggravé le retentissement de l’information.