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mardi 13 juillet 1999
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Hébergement gratuit sur Internet : le prix à payer

 

L’hébergement gratuit de sites web, tel qu’il est proposé par Yahoo!GeoCities, Tripod, XOOM.com ou FreeServers.com (pour ne citer que quelques-uns des plus connus), peut coûter très cher aux souscripteurs. Le tollé provoqué par les modifications apportées par l’hébergeur Yahoo!GeoCities à ses conditions générales en est un bel exemple. En l’occurrence, Yahoo!GeoCities se faisait céder gratuitement tous les droits d’auteur sur tous les sites web hébergés par lui. La cession des droits « était automatique, gratuite, irrévocable… en vu de reproduire, adapter, intégrer [le contenu] dans d’autres créations… » Ce manque de respect du travail – notamment intellectuel – d’autrui a provoqué l’exode massif des auteurs de sites web hébergés par GeoCities. Exode, mais vers où ? Vers d’autres hébergeurs gratuits… mais dans quelles conditions ? Les conditions générales de MSN.com sont au moins aussi liberticides que celles de Yahoo!GeoCities. En effet, MSN.com se réserve tous les droits, y compris celui d’exploiter commercialement les « communications » générées à travers le MSN.com web site. Quant à XOOM.com, il oblige tout souscripteur de lui céder tous les droits sur ses pages web « afin de diffuser ces informations sur les sites de XOOM.com et de les utiliser pour promouvoir les services de XOOM.com ». Doit-on alors considérer qu’il s’agit là d’une autre contrepartie (à part la publicité obligatoirement incrustée sur les sites) de la gratuité de l’hébergement ?
D’autres hébergeurs semblent plus respectueux des droits des tiers. Ainsi, chez Tripod, la cession ne se fait que pour « diffuser et promouvoir la homepage du souscripteur et de diffuser le contenu d’une telle page à travers le réseau Lycos ». Il n’empêche que d’autres hébergeurs encore, tels que FortuneCity ou FreeServers.com, ne prévoient rien de tout cela, accréditant ainsi la thèse que ces clauses sont tout simplement injustifiées, même pour des raisons techniques. Sachant ceci, le geste de Yahoo!GeoCities, qui vient de modifier ses conditions générales en précisant que « Yahoo! n’a aucun droit sur le contenu d’un site hébergé par Yahoo!GeoCities » tout en obligeant l’auteur de lui céder ses droits dans des conditions très rigides, semble bien symbolique. D’autant plus symbolique que les conditions générales du site mère (Yahoo!) restent encore très défavorables aux souscripteurs ; la volonté de Yahoo! de calmer le jeu ponctuellement ne peut donc être ignorée. En somme, le prix qu’il faut payer pour bénéficier d’un service gratuit sur le net semble excessif.