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L’ayant-droit d’Antonin Artaud injurié en ligne et indemnisé
Le beau style, la provocation ou la qualité d’écrivain du prévenu ne confèrent pas d’immunité particulière en matière d’injure publique proférée en ligne. Ainsi, dans un jugement du 4 décembre 2008, le TGI de Paris a-t-il condamné l’auteur d’une lettre ouverte publiée sur internet en réponse à un courrier électronique écrit par « un pauvre étron ».
Un écrivain avait diffusé sur son site un extrait d’une conférence radiophonique d’Antonin Artaud, intitulée « Pour en finir avec le jugement de Dieu ». Le neveu d’Artaud, unique ayant-droit de l’auteur du « Théâtre et son double», lui avait envoyé un email lui demandant, entre autres, de retirer l’extrait radiophonique. Le responsable du site s’est exécuté et lui a envoyé un message électronique particulièrement corsé qu’il a mis en ligne. Dans ce texte, il n’hésite pas à qualifier son interlocuteur d’« ultime chiure électronquante que Ferdière a déféquée », de « crétin chicaneur », ou de « sous-fifre ».
Le tribunal n’a pas retenu les arguments de la défense liés à la tradition pamphlétaire française, au caractère de pastiche d’évidence ou aux choix métaphoriques inspirés par Artaud. Il a, au contraire, considéré que « le style s’assume comme les propos, en l’espèce intrinsèquement outrageants pour la partie civile qui s’est vue ainsi publiquement injuriée en réponse à une correspondance privée, sans que les éventuels lecteurs du texte litigieux puissent aisément se convaincre qu’il ne s’agirait que d’un exercice littéraire sans portée ou de métaphores vides de sens.».
Le neveu d’Antonin Artaud, qui réclamait 100 000 euros de dommages-intérêts, a obtenu le versement de 1 000 euros. L’auteur du texte injurieux est par ailleurs condamné à une amende de 500 euros.